Auteur Sujet: arthur rimbaud  (Lu 748 fois)

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MagicDouma

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arthur rimbaud
« le: lun 07 juin, 2010 22:41:18 »
Vénus Anadyomène

Comme d'un cercueil vert en ferblanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu'il faut voir à la loupe...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.
L'esprit est plus fort que la matière

berger_corse

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arthur rimbaud
« Réponse #1 le: mar 08 juin, 2010 13:14:36 »
C'était auprès d'un lac sinistre, à l'eau dormante,
Enfermé dans un pli du grand mont Érymanthe,
Et l'antre paraissait gémir, et, tout béant,
S'ouvrait, comme une gueule affreuse du néant.
Des vapeurs en sortaient, ainsi que d'un Averne.
Immobile, et penché pour voir dans la caverne,
Hercule regarda le sanglier hideux.
Les loups fuyaient de peur quand il s'approchait d'eux,
Tant le monstre effaré, s'il grognait dans sa joie,
Semblait effrayant, même à des bêtes de proie.
Il vivait là, pensif. Lorsque venait la nuit,
Terrible, emplissant l'air d'épouvante et de bruit
Et cassant les lauriers au pied des monts sublimes,
Il allait dans le bois déchirer ses victimes;
Puis il rentrait dans l'antre, auprès des flots dormants.
Couché sur la chair morte et sur les ossements,
Il mangeait, la narine ouverte et dilatée,
Et s'étendait parmi la boue ensanglantée.
Noir, sa tanière au front obscur lui ressemblait.
Les ténèbres et lui se parlaient. Il semblait,
Enfoui dans l'horreur de cette prison sombre,
Qu'il mangeait de la nuit et qu'il mâchait de l'ombre.
Hercule, que sa vue importune lassait,
Se dit: Je vais serrer son cou dans un lacet;
Ma main étouffera ses grognements obscènes,
Et je l'amènerai tout vivant dans Mycènes.
Et le héros disait aussi: Qui sait pourtant,
S'il voyait dans les cieux le soleil éclatant,
Ce que redeviendrait cet animal farouche?
Peut-être que les dents cruelles de sa bouche
Baiseraient l'herbe verte et frémiraient d'amour,
S'il regardait l'azur éblouissant du jour!
Alors, entrant ses doigts d'acier parmi les soies
Du sanglier courbé sur des restes de proies,
Il le traîna tout près du lac dormant. En vain,
Blessé par le soleil qui dorait le ravin,
Le monstre déchirait le roc de ses défenses.
Il fuyait. Souriant de ces faibles offenses,
Hercule, soulevant ses flancs hideux et lourds,
Le ramenait au jour lumineux. Mais toujours,
Attiré dans sa nuit par un amour étrange,
Le sanglier têtu retournait vers la fange,
Et toujours, l'effrayant d'un sourire vermeil,
Le héros le traînait de force au grand soleil.


Le Sanglier. Théodore de Banville.
La roue qui tourne ne rouille pas !

[Proverbe ovin]

milpat

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arthur rimbaud
« Réponse #2 le: mar 08 juin, 2010 15:10:05 »
Je suis  sale. Les poux  me rongent. Les pourceaux, quand  ils me  regardent, vomissent. Les croûtes  et les escarres  de la lèpre  ont écaillé  ma  peau, couverte  de pus jaunâtre. Je  ne connais  pas l’eau  des fleuves, ni  la rosée  des nuages. Sur ma  nuque, comme  sur  un fumier, pousse  un énorme champignon, aux pédoncules  ombellifères. Assis sur  un meuble  informe, je  n’ai pas bougé  mes  membres depuis  quatre  siècles. Mes  pieds ont pris  racine  dans le sol  et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation  vivace, remplie  d’ignobles parasites, qui ne dérive  pas encore de la plante, et qui n’est plus  de la chair. Cependant mon  cœur  bat. Mais comment  battrait-il, si la pourriture  et les exhalaisons  de mon cadavre  (je  n’ose  pas dire  corps) ne le nourrissaient  abondamment ? Sous  mon aisselle  gauche, une famille de crapauds  a pris  résidence, et, quand l’un d’eux remue, il  me fait  des chatouilles. Prenez garde  qu’il ne s’en échappe  un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il  serait ensuite  capable  d’entrer dans votre  cerveau. Sous mon  aisselle  droite, il  y  a un caméléon  qui leur fait  une chasse perpétuelle, afin  de ne pas mourir  de faim : il  faut  que chacun vive. Mais, quand  un parti déjoue  complétement  les ruses de l’autre, ils  ne trouvent  rien  de mieux  que de ne pas se gêner, et sucent la graisse  délicate  qui couvre  mes  côtes : j’y suis  habitué. Une vipère  méchante  a dévoré  ma  verge et a pris  sa  place : elle  m’a rendu  ennuque, cette  infâme. Oh ! si  j’avais pu  me défendre  avec mes bras  paralysés ; mais, je crois  plutôt  qu’ils se sont changés  en bûches. Quoi qu’il en soit, il  importe  de constater  que le sang  ne vient plus  y promener  sa  rougeur. Deux petits  hérissons, qui ne croissent  plus, ont jeté  à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur  de mes testicules : l’épiderme, soigneusement  lavé, ils  ont logé  dedans. L’anus  a été intercepté  par un crabe   ; encouragé  par mon inertie, il  garde l’entrée  avec ses pinces, et me fait  beaucoup  de mal ! Deux  méduses  ont franchi  les mers, immédiatement  alléchées  par un espoir  qui ne fut  pas trompé. Elles ont regardé  avec attention  les deux parties  charnues  qui forment le derrière  humain, et, se cramponnant  à leur galbe  convexe, elles  les ont tellement  écrasées  par une pression  constante, que les deux  morceaux  de chair ont disparu, tandis  qu’il est resté  deux  monstres, sortis  du  royaume de la viscosité, égaux  par la couleur, la forme et la férocité. Ne  parlez  pas de ma  colonne  vertébrale, puisque  c’est un glaive. Oui, oui... je n’y faisais  pas attention... votre demande  est juste. Vous désirez  savoir, n’est-ce pas, comment  il  se trouve  implanté  verticalement  dans mes reins ? Moi-même, je  ne me  le rappelle  pas très clairement ; cependant, si  je me  décide  à prendre pour un souvenir  ce qui n’est peut-être  qu’un rêve, sachez  que l’homme, quand  il a su  que j’avais fait  vœu  de vivre avec la maladie et l’immobilité  jusqu’à ce que j’eusse vaincu  le Créateur, marcha, derrière  moi, sur la pointe  des pieds, mais, non  pas si  doucement, que je ne l’entendisse. Je  ne perçus  plus  rien, pendant  un instant qui ne fut  pas long. Ce poignard  aigu  s’enfonça, jusqu’au  manche, entre  les deux épaules  du  taureau des fêtes, et son ossature  frissonna, comme  un tremblement  de terre. La lame  adhère  si  fortement  au  corps, que personne, jusqu’ici, n’a pu  l’extraire. Les athlètes, les mécaniciens, les philosophes, les médecins  ont essayé, tour  à tour, les moyens les plus divers. Ils ne savaient  pas que le mal qu’a fait l’homme ne peut  plus  se défaire !

Isidore Ducasse Les Chants de Maldoror - Chant IV Strophe 4 (extrait)

pttsteph

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arthur rimbaud
« Réponse #3 le: mar 08 juin, 2010 15:35:58 »
Oh ber reviens!

renato

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Re: arthur rimbaud
« Réponse #4 le: mar 08 juin, 2010 15:38:13 »
Citation de: Dominique A.
Vénus Anadyomène



Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe





je prefere Clara Morgane moi !

pttsteph

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arthur rimbaud
« Réponse #5 le: mar 08 juin, 2010 19:52:07 »

enduro stef

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Re: arthur rimbaud
« Réponse #6 le: mar 08 juin, 2010 21:20:30 »
Citation de: "renato"
je prefere Clara Morgane moi !


Moi aussi  :!:

Je n'ai pas de descente préféré dans le Regagnas, elles sont toutes trop bonnes..........et comme dirait l'autre, tout est bon dans le Kirbon !

milpat

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arthur rimbaud
« Réponse #7 le: mar 08 juin, 2010 23:12:39 »
Citation de: "pttsteph"
Reveillez-vous :

http://www.youtube.com/watch?v=TiWvuQoYaDM
c'est quand même dur de se réveiller avec ce pauvre Bono à bout de souffle...  il me plaît le chantre de l'écologie avec ses mégas shows polluants...

alors qu'il y a quarante ans tu mettais le meilleur guitariste sur scène, dieu à la batterie, un chanteur charismatique, un bassiste et tu écrivais les meilleurs pages du rock   http://www.youtube.com/watch?v=Rp6-wG5LLqE

pttsteph

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arthur rimbaud
« Réponse #8 le: mer 09 juin, 2010 20:28:28 »
Citer
c'est quand même dur de se réveiller avec ce pauvre Bono à bout de souffle...  il me plaît le chantre de l'écologie avec ses mégas shows polluants...

alors qu'il y a quarante ans tu mettais le meilleur guitariste sur scène, dieu à la batterie, un chanteur charismatique, un bassiste et tu écrivais les meilleurs pages du rock   http://www.youtube.com/watch?v=Rp6-wG5LLqE

Putain 40 ans déjà! C'est clair que U2 me gave depuis quelques années(surtout Bono) mais ils auront aussi marqué l'histoire du rock.

milpat

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arthur rimbaud
« Réponse #9 le: jeu 10 juin, 2010 00:27:04 »
mais non si tu veux remonter doucement le fil du temps 10 ans plus tard tu avais encore ça http://www.youtube.com/watch?v=gkU8plTgv0g
c'était du vrai rock mais déjà pointait le plus grand groupe de tous les temps, pas à mon goût mais d'un point de vue diffusion, celui qui est arrivé entre deux époques, celle des derniers vinyles et déjà celle de la diffusion immédiate sur tous les continents, bref le groupe le plus connu et le plus vite  http://www.youtube.com/watch?v=-JDxoYkEXiA&feature=related

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arthur rimbaud
« Réponse #10 le: jeu 10 juin, 2010 22:10:14 »
On pourrait en parler pendant des heures ma poule mais je pense qu'on a déjà bien pollué le post de douma :lol:
N'oublie pas la chanson de tous les temps "Sunday bloody sunday"

milpat

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arthur rimbaud
« Réponse #11 le: jeu 10 juin, 2010 23:39:27 »
mais non on oublie rien et l'on sait que tout vient de là !

berger_corse

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arthur rimbaud
« Réponse #12 le: ven 11 juin, 2010 11:17:20 »
Enfin un retour à la poésie ! :lol:
La roue qui tourne ne rouille pas !

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